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Pour un usage critique des outils numériques à la Lab School Paris

Par Isabelle Brulé



L’usage des outils numériques agite le monde, et en particulier celui de l’éducation.

La question « Faut-il éduquer nos enfants avec ou sans écran ? » reste suspendue aux lèvres des enseignants, des parents et des éducateurs de tous horizons.

À cette question, nous sommes tentés de répondre par les mots d’André Tricot* : « Les outils ne sont que des outils. Quand on leur assigne cette place, alors les outils numériques ont un potentiel formidable ».


Selon lui, nous avons généralement tendance à demander au numérique de résoudre tous les problèmes de l’école. Le numérique nous rendrait véritablement technophiles ou complètement technophobes, or il ne s’agit que d’un outil !


Alors qu’il n’y a toujours pas de consensus sur les finalités de l’école, débattre de l’éducation avec ou sans le numérique est finalement futile. Comme André Tricot le montre dans son TEDX l’école du futur, l’école fonctionne si les élèves comprennent pourquoi ils apprennent et s’ils ont confiance en eux pour apprendre. L’école joue son rôle quand les activités des élèves sont pertinentes pour les apprentissages. L’important, ce ne sont donc pas les outils, mais ce que l’on enseigne et comment on l’enseigne, comment on mobilise les élèves, comment on focalise leur attention.

Une fois que l’attention est mobilisée, que les enfants sont motivés, que ce qui est enseigné a pris du sens, alors seulement les outils numériques peuvent s’avérer extrêmement efficaces, notamment en matière de compréhension et d’acquisition de savoir-faire.



Qu’en est-il au sein de la Lab School Paris ?


Nous prônons un usage raisonné et critique du numérique. Pour nous, ce sont des outils au service d’un projet pédagogique. Nous les choisissons s’ils sont bénéfiques aux utilisateurs. Ils complètent d’autres dispositifs, sans jamais s’y substituer, et nous les utilisons en alternance avec d’autres supports.


Nous considérons que l’utilisation des outils numériques doit permettre :

– de sensibiliser nos élèves aux enjeux du numérique en les encourageant à en avoir un usage réflexif, citoyen et responsable. Notre propos est de réfléchir aux risques et aux opportunités du numérique sans pour autant le diaboliser ;

– de former des élèves à une littératie multimodale* : les outils numériques font désormais partie de notre vie et l’école se doit d’initier les élèves à leur usage de la même façon qu’elle leur apprend à lire, à écrire, à compter et à vivre ensemble ;

– d’utiliser les médias en développant l’esprit critique et la capacité d’analyse de l’enfant.

Concrètement et à ce jour, nous les utilisons surtout pour développer l’autonomie de chaque enfant lors de son travail personnel en classe. Notre démarche pédagogique au quotidien s’appuie sur la sensibilisation, la compréhension et l’accompagnement progressif. Pour le moment – en grande partie pour des raisons matérielles – seuls les élèves des cycles 3 et 4 ont accès à des ordinateurs. Des tablettes sont introduites petit à petit auprès des élèves de cycle 2 durant cette année scolaire.

Les outils numériques peuvent également être utiles aux enseignantes pour communiquer avec les parents. Nous utilisons Klassroom qui nous permet notamment de donner des devoirs aux élèves en leurs joignant les documents ad hoc.

1/ Sensibiliser


Avec l’aide de Margot, en service civique chargée du numérique, nous sensibilisons les enfants au fonctionnement d’Internet et notamment à l’utilisation des réseaux sociaux et aux enjeux liés à l’utilisation des données personnelles et à l’identité numérique de chacun. Un projet sur l’identité numérique en partenariat avec la Gaité Lyrique commence en janvier 2020.

Nous y ajoutons une dimension écologique. En 2018-2019 un projet Savanturiers a amené les élèves à réfléchir sur le numérique et la ville. Ils se posent des questions, par exemple, sur l’énergie utilisée – sur place et dans les centres de données – lorsqu’ils regardent une vidéo en ligne ou lorsqu’ils font des recherches sur Internet. Ensuite, ils se mettent en position de chercheurs : recueillent des informations, font des hypothèses, synthétisent les informations et préparent une restitution face à un auditoire qui leur pose des questions.





2/ Comprendre


Notre propos est d’éveiller l’esprit critique. Il nous paraît essentiel de faire comprendre ce qu’implique d’effectuer des recherches sur Internet pour un exposé, par exemple. Les enfants apprennent à utiliser un moteur de recherche avec un regard critique : repérer l’information, vérifier ses sources, choisir des images libres de droits, avoir conscience que face à une telle masse d’informations, la vérité n’est pas toujours facile à discerner.

Comprendre le numérique, c’est aussi se sentir responsable de ce que nous faisons de nos données personnelles et de l’impact que nous avons sur la planète. C’est la raison pour laquelle les enfants sont encouragés à utiliser des moteurs de recherches tels que Ecosia qui contribue à la reforestation du monde ou encore Lilo qui finance des projets sociaux ou environnementaux, plutôt que ceux des GAFAM, communément proposés par le Web.


3 / Accompagner


Pour accompagner les enfants dans leurs apprentissages, tout en veillant à l’équilibre entre « vie numérique » et « vie réelle », nous avons installé sur les ordinateurs des outils tels que :

Géogebra pour la géométrie, Quizlet pour le travail sur le vocabulaire en anglais et en espagnol, ou encore Scratch, pour initier les élèves à la pensée algorithmique et à la programmation.


Nous utilisons aussi Padlet en mathématiques, en français et en histoire-géographie, quand nous mettons en place le travail en autonomie.

Par ailleurs, les élèves créent des diapositives sur des thèmes en sciences, en histoire et en géographie.

Pour travailler sur un projet à plus long terme, Margot se propose d’organiser des ateliers de création d’outils numériques, en suivant toutes les phases d’un projet informatique : cahier des charges, architecture, conception, réalisation, diffusion.

Notons enfin que le système d’exploitation Linux est installé sur les ordinateurs des élèves.


Autour de l’école : le numérique pour communiquer


Le numérique à la Lab School Paris, c’est aussi un moyen de communication. Outre l’animation des réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram, nous sommes en train de réaliser une série de podcasts pour mieux plonger notre auditoire dans l’univers quotidien des enfants et des adultes qui font la Lab School. Le premier épisode de cette belle histoire est prévu très bientôt !





*in : Article Apprendre avec le numérique, interview d’André Tricot par François Jarraud, 21 octobre 2014, le café pédagogique.

*Définitions de la littératie médiatique multimodale :

La littératie médiatique multimodale est la capacité d’une personne à mobiliser adéquatement, en contexte communicationnel synchrone ou asynchrone, les ressources et les compétences sémiotiques modales (ex : mode linguistique seul) et multimodales (ex : combinaison des modes linguistique, visuel et sonore) les plus appropriées à la situation et au support de communication (traditionnel et/ou numérique), à l’occasion de la réception (décodage, compréhension, interprétation et évaluation) et/ou de la production (élaboration, création, diffusion) de tout type de message (Lacelle, Boutin, Lebrun, 2017). https://litmedmod.ca/

Multimodal literacy “focuses on the design of discourse by investigating the contributions of specific semiotic resources (e.g. language, gesture, images) co-deployed across various modalities (e.g. visual, aural, somatic), as well as their interaction and integration in constructing a coherent text.”

Lim, F. V., K.L. O’Halloran, S. Tan and M.K.L. E (2015: 917), ‘Teaching Visual Texts with Multimodal Analysis Software’, Educational Technology Research and Development 63(6), 915–935



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